Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants

13 septembre 2015 by

parle leur

En débarquant à Constantinople le 13 mai 1506, Michel-Ange sait qu’il brave la puissance et la colère de Jules II, pape guerrier et mauvais payeur, dont il a laissé en chantier l’édification du tombeau, à Rome. Mais comment ne pas répondre à l’invitation du sultan Bajazet qui lui propose – après avoir refusé les plans de Léonard de Vinci – de concevoir un pont sur la Corne d’Or ?
Ainsi commence ce roman, tout en frôlements historiques, qui s’empare d’un fait exact pour déployer les mystères de ce voyage.
Troublant comme la rencontre de l’homme de la Renaissance avec les beautés du monde ottoman, précis et ciselé comme une pièce d’orfèvrerie, ce portrait de l’artiste au travail est aussi une fascinante réflexion sur l’acte de créer et sur le symbole d’un geste inachevé vers l’autre rive de la civilisation.
Car à travers la chronique de ces quelques semaines oubliées de l’Histoire, Mathias Enard esquisse une géographie politique dont les hésitations sont toujours aussi sensibles cinq siècles plus tard.

Après une longue période sans romans,  mais toujours ponctuée de livres, en l’occurrence des manuels d’enseignement du français langue étrangère (mon métier), il était grand temps que je revienne aux oeuvres de fiction.

Mon choix s’est porté sur cet ouvrage de Mathias Énard, livre disponible dans ma bibliothèque municipale. Je l’ai découvert grâce au numéro de septembre du magazine Lire que j’ai pu feuilleter sur le site de la Culturethèque du réseau des Alliance françaises au Canada, dont je suis une des enseignantes. Plusieurs pages y sont consacrées à une entrevue avec l’auteur et j’ai très, très envie de lire son dernier roman Boussole, mais malheureusement le réseau de la bibliothèque municipale de ma ville de la banlieue de Toronto ne le possède pas, je n’ai plus qu’à leur faire une suggestion d’acquisition!

Ce trop petit roman, qui m’a laissée sur ma faim, nous transporte à Constantinople, lors de l’arrivée du légendaire Michel-Ange dans cette ville en 1506. Mon passé d’étudiante en histoire de l’art ne pouvait qu’être attiré par cet univers et mon amour pour l’art italien toujours présent, mais en grand manque depuis que je vis au Canada, a trouvé son bonheur dans cette incursion dans cette période de la vie de l’artiste. Même si ce voyage est inventé par l’auteur, cela n’enlève rien au charme de l’histoire. Le narrateur y mélange en effet ses commentaires d’un homme de notre époque sur le grand artiste, avec les réflexions de son personnage déchiré par son allégeance obligée au pape, les basses exigences matérielles pour vivre et par le feu créatif qui l’anime.

Bref, si vous aimez l’art, les voyages, l’Histoire et que vous êtes à la recherche d’un livre rapide à livre, ce roman est fait pour vous!

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

8 août 2015 by

De Jonas Jonasson

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Franchement, qui a envie de fêter son centième anniversaire dans une maison de retraite en compagnie de vieux séniles, de l’adjoint au maire et de la presse locale?
Allant Karsson, chaussé de ses plus belles charentaises, à donc décidé de prendre la tangente. Et, une chose en entraînant une autre, notre fringant centenaire se retrouve à trimballer une valise contenant 50 millions de couronnes dérobée – presque par inadvertance – à un membre de gang. S’engage une cavale arthritique qui le conduira à un vieux kleptomane, un vendeur de saucisses surdiplômé et une éléphante nommée Sonia…

Dans la série des livres que j’ai choisis pour leur titre, voici le dernier 🙂
Il avait eu le temps de s’enfoncer dans ma pile à lire sans que je n’y prenne garde, mais je l’ai déterré pour les vacances et ne le regrette pas!
Quel plaisir et quel coup de coeur que la lecture de ce livre.
Allan, notre centenaire, a une devise, qu’il tient de sa mère et ce depuis son plus jeune âge « Les choses sont ce qu’elles sont et seront ce qu’elles seront. » De quoi aborder la vie avec calme et sérénité, quelles que soient les aventures dans lesquelles il s’embarque. Et des aventures, Allan en a eues.

Le jour de son centième anniversaire, lequel doit être célébré « en grandes pompes » à la maison de retraite, notre heros s’enfuit, par la fenêtre, sans savoir où il va. Ce livre le suit dans sa fuite et ses diverses rencontres alors qu’il se retrouve poursuivi par un gang de malfrats suédois et par la police. Des épisodes de son passé extraordinaire s’entremêlent au fil de la lecture.

L’auteur s’amuse avec L’histoire et le fait intervenir dans la plupart des évènements les plus célèbres du XXème siecle : guerre civile espagnole où il rencontre Franco, la bombe atomique, la Chine de Mao, la révolution en Iran, l’URSS de Staline qui l’envoie au goulag, mai 68, le conflit entre Corée du Nord et sud, où il rencontre Kim Jong-Il enfant…

Sans être hilarant, ce livre est d’un humour absurde que j’ai adoré. Tant d’aventures extravagantes, tant de flegme et de calme. Ne cherchons pas de crédibilité, il faut prendre du recul et accepter le loufoque, le saugrenu et la répétition.
Car après tout, les choses seront toujours ce qu’elles seront 😉

La femme au miroir

7 août 2015 by

De Eric Emmanuel Schmitt

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Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale Dr Sigmund Freud, Anne à Hollywood de nos jours. Toutes trois se sentent différentes de leurs contemporaines ; refusant le rôle que leur imposent les hommes, elles cherchent à se rendre maîtresses de leur destin.
Trois époques. Trois femmes : et si c’était la même ?

J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à lire les oeuvres de Eric Emmanuel Schmitt et celui-ci n’aura pas failli à la règle.
La femme au miroir est un livre à trois voies, trois entrées. Le lecteur saute de la Renaissance au XIXème siècle pour revenir à notre époque, suivant trois héroïnes aux prénoms bien similaires. D’autres points les relient, dont leur « mal être » face à leur époque et leur entourage, face aux attentes de leur milieu ou société.
Comme tout livre où l’on bascule à chaque chapitre d’un héros à un autre, il faut un peu de temps pour s’accoutumer au rythme mais rapidement la cadence nous emporte et les temps défilent, s’emmêlent pour finalement se rejoindre d’une manière qui m’a beaucoup plu.
Je me suis particulièrement attachée à Hanna, à sa brusquerie, à ses questionnements. J’ai une petite faiblesse pour les romans épistolaires, ce qui explique peut être cette préférence 🙂 J’ai été un peu frustrée dans mon désir de la suivre encore un peu plus loin dans son destin.
J’ai trouvé de nombreux sujets de réflexion sur la femme, sur la différence, les attentes de notre société. Le roman est cependant un peu court pour que l’on puisse élaborer beaucoup. Il n’en reste pas moins un départ pour de nombreux questionnements plutôt intéressants.

Silo

5 août 2015 by

De Hugh Howey

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Dans un futur postapocalyptique indéterminé, une communauté d’hommes et de femmes à organisé sa survie dans un silo souterrain géant. Du monde extérieur, devenu hostile, personne ne sait rien, sinon que l’atmosphère y est désormais irrespirable. Les images de mauvaise qualité relayées par d’antiques caméras, montrant un paysage de ruines et de dévastation balayé de vents violents et de noirs nuages, ne semblent laisser aucune place à l’illusion. Pourtant certains continuent d’espérer. Ces individus, dont l’optimisme pourrait s’avérer contagieux, représentent un danger potentiel. Leur punition est simple. Ils se voient accorder cela même à quoi ils aspirent: sortir.

Je suis tombée en arrêt à la librairie devant ce livre dont le résumé m’a paru alléchant tant il contenait des ingrédients de SF dont je raffole.

Première constatation, il se lit très très vite. Peut être même un peu trop. La SF, normalement, demande quand même un peu de réflexion.

Première partie, premier ‘héros’, on est intrigué, surpris un peu, intéressé sans aucun doute.
Seconde partie, second ‘heros’, okay, ça explique le sacrifice du premier… Belle promenade dans le silo, intéressante verticalité des choses. On aimerait plus de descriptions mais ce n’est que le début, patientons. Des personnages secondaires prometteurs, qu’on aimerait être plus détaillés.
Puis troisième partie, Juliette en premier plan. Des personnages intéressants autour d’elle mais toujours assez peu détaillés. Un méchant sans grande consistance. L’action devient de plus en plus prévisible. Le bannissement n’apporte rien d’imprévu et c’est dommage.
D’une manière générale, mon sentiment sur ce premier tome est que cette idée de silo est un peu gâchée et que ce monde cylindrique aurait pu être développé de manière bien plus spectaculaire. Même si la lecture est agréable, c’est plus une déception et un manque qui restent une fois fini ce livre. C’est vraiment dommage.

Les tomes suivants apporteront-ils ce qui m’a manqué dans celui-ci? Je l’espère mais sans grande conviction après quelques recherches sur le net. Mais tant pis, je me ferai ma propre idée.

Les gens heureux lisent et boivent du café

25 août 2014 by

de Agnès Martin-Lugand

cafe

« Ils étaient partis en chahutant dans l’escalier. […] J’avais appris qu’ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés. Je m’étais dit qu’ils étaient morts en riant. Je m’étais dit que j’aurais voulu être avec eux. »
Diane a perdu brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l’exception de son cœur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l’existence. C’est peut-être en foulant la terre d’Irlande, où elle s’exile, qu’elle apercevra la lumière au bout du tunnel.

Petit livre dont le titre ne pouvait que m’accrocher… vous commencez à connaitre mon penchant pour ces titres, n’est ce pas ? Mais c’est surtout un moment de lecture plein d’emotions. Tristesse intense du deuil, force infinie de la vie qui reprend le dessus. C’est un texte très fluide qui nous fait suivre la narratrice dans son chemin douloureux de reconstruction après la mort accidentelle de son mari et de sa petite fille. Lecture très rapide car tout vient naturellement. Et même si la trame est prévisible, si le ton peut paraitre fleur bleue et bien facile, le dénouement apporte une note réaliste. Oui une histoire peut être agréable sans un happy ending ultra classique. Même s’il ne reste pas dans les annales, un joli moment de lecture pour cet été.

Toutes les familles sont psychotiques

2 octobre 2013 by

de Douglas Coupland

Toutes les familles sont psychotiques Douglas Coupland

2001, dans une Floride en technicolor, les Drummond sont réunis pour assister au départ dans l’espace de la cadette Sarah.

Divorce, Sida, drogue, lettres anonymes, coups de feu, chantage, marché noir, … sous la plume de Coupland, la comédie burlesque devient une épopée moderne, une satire irrésistible de notre époque vue à travers la folie d’une famille américaine moyenne.

Voici une saga familiale particulièrement déjantée ! Je me suis donc plongée dans ce livre choisi totalement au hasard et dont je ne savais qu’une seule chose au départ, c’est une satire sociale américaine.

Attention cependant, ne vous attendez pas à éclater de rire à chaque page. Le ton est très caustique et les différents personnages sont malmenés par le sort. Il est très facile de s’attacher à cette famille, plus difficile de s’identifier à elle bien entendu 😉 Leurs aventures rocambolesques rendent la lecture fluide et facile. L’émotion vient des sentiments à vif de chaque membre de la famille Drummond.

Qui sont-ils? Janet, la soixantaine, sidaïque et accroc a des médicaments interdits… Mère de Sarah, astronaute à qui il manque une main et qui doit décoller prochainement a bord de la navette spatiale ;  Wade, sidaïque également, escroc à la petite semaine, sortant juste de prison ; Bryan, dépressif et suicidaire et futur père d’un enfant que la mère veut aller vendre au plus offrant ! Ajoutons Ted, le père, atteint d’un cancer en phase terminale, et Nicky, la femme de Ted, atteinte du Sida également… Sans oublier les petites amies et mari de toute cette clique, qui ne sont pas en reste au niveau des calamités qui les atteignent…

Je ne suis pas totalement convaincue par l’ensemble, essentiellement parce que j’ai toujours du mal avec trop d’exagération dans ce type de livre, mais j’ai malgré tout eu plutôt du plaisir a lire ce livre, et surtout, je retenterai cet auteur si je le recroise.

La force de vivre

20 août 2013 by

de Michel Langlois

vivre

Voila une série intéressante que j’ai lu très rapidement pendant mes vacances, et composée de 4  tomes mettant en scène différents personnages de la famille Grenon.

S’étalant de 1800 a 1880 environ, on fait la connaissance de cette famille avec Edmond et Émilie Grenon, puis on continue avec leurs enfants, dont Nicolas, parti se battre pour les armées de Napoléon, puis revenu avec l’armée anglaise et tentant de s’installer autour de Drummond. La saga se poursuit avec la génération suivante, et Emmanuel, un des fils de Nicolas. Enfin le dernier tome suit la fille d’Emmanuel, Elisabeth et son fils.

L’intérêt que j’ai trouvé dans la lecture de cette série est essentiellement dans les parcours des personnages. On y découvre une envie de bâtir, de construire un nouveau pays. Parti de Baie-Saint-Paul à Québec pour y monter une auberge, Edmond ne craint pas de tout recommencer et de faire suivre femme et enfants. Québec est alors en pleine croissance. En Europe, Napoléon entraine son armée se battre contre les Prusses puis vers l’Espagne. L’Angleterre se bat contre Napoléon en Europe mais aussi contre les États Unis de l’autre coté de l’Atlantique. Nicolas rêve de bâtir un village et s’oppose aux anglophones à qui l’on a promis Drummond. Son fils, Emmanuel, quant à lui, part encore plus au Nord dans le Saguenay, à Metabetchouan.

L’intérêt historique est omniprésent.

Dans les points négatifs, j’ai trouvé que les faits s’enchainaient trop vite. On n’est pas dans une époque de vitesse. S’installer prend du temps, de la patience… et je n’ai pas retrouvé cet aspect dans l’évolution des différents tomes. J’ai au contraire eu le sentiment trop souvent de voir une énumération de faits, mais un petit quelque chose manquait qui aurait permis le lien de l’ensemble. C’est dommage au vu de la richesse apportée au niveau historique.

Le dernier tome m’a également moins plu. On suit Élisabeth et son fils Jean, qui s’enfuient aux États Unis dans le Maine et se retrouvent a travailler dans des filatures. Puis Jean, devenu John, part pour Chicago et pour le Montana pour tenter de faire fortune. Ce tome est construit un peu à la façon d’une parabole, avec cet objectif ultime de prouver qu’il peut gagner de l’argent en vu de recevoir un héritage fabuleux. J’aurais préféré un tome un peu plus réaliste, j’ai été déçue de la rapidité avec laquelle tout s’enchaine. Tout d’un coup on est 4 ans plus tard !! Bon, d’accord… Le fait historique est présent, mais n’est pas décrit ni élaboré. C’est vraiment dommage.

Ma vie a changé

2 juillet 2013 by

de Marie-Aude Murail

mavie a changeSi votre appartement sent inexplicablement le muguet, et éventuellement la violette, et que cette odeur vous submerge pour disparaître totalement l’instant d’après. Si chez vous des objets changent de place mystérieusement. Si vous ne pouvez en accuser personne. Si vous découvrez sur votre bureau ou dans votre chambre des objets qui ne vous ont jamais appartenu. Si le voisin du dessous vient vous voir et vous explique qu’il a perdu son elfe. Si vous êtes déprimé(e). Si vous pensez que la raison vous quitte. Alors, que vous croyiez ou non aux choses de l’au-delà, vous pouvez être certaine que votre vie va changer.

Voici un livre plutôt court au rythme rapide et qui se lit en une après-midi. Mais quel petit plaisir 🙂

Nous sommes carrément dans le fantastique. Attendez-vous a croiser des lutins et autres gnomes… Et un elfe, pas mieux !

On est loin de Legolas. Notre elfe est facétieux, méchant même ! Il a sale caractère, mais c’est grâce à lui que la vie de notre narratrice a changé !

Une touche d’humour, un brin de sarcasme, de la tendresse… Mais aussi une petite réflexion sur la vie et ses détours inattendus, sur les déceptions, les rebonds… Je me suis laissée attrapée et n’ai plus lâché l’ouvrage !

A Garonne

17 Mai 2013 by

de Philippe Delerm

AGAronne Philippe Delerm

 

Le début de l’après-midi était insupportable de lenteur, sombrait parfois dans la morosité d’un cahier de vacances, l’ennui infini d’une sieste où je ne dormais pas. Les quatre coups de la pendule ouvraient enfin l’espace. Nous partions ‘à Garonne’. Aller à Garonne, c’est infiniment plus qu’aller au bord de la Garonne. Pas besoin d’un article. A Garonne comme on dirait à Brocéliande, sous l’emprise d’un pouvoir. Pas sur la rive, mais dans tout le royaume voué au fleuve. ‘En nous ouvrant les portes de la Mascagne, la maison de ses grands-parents puis de ses parents, où se retrouve en vacances, toutes générations confondues, la famille Delerm, l’auteur se retourne pour la première fois sur son enfance et son adolescence. Dans le livre peut-être le plus personnel qu’il ait jamais écrit, il nous fait le portrait tendre et doucement nostalgique des lieux et personnages qui l’ont vu grandir chaque été.

A la manière de la Madeleine de Proust, ce petit livre se déguste en fermant les yeux et en faisant revivre les souvenirs de vacances d’enfance. Si la maison de mes grand-parents n’étaient pas située dans la même région, le même type de souvenirs m’habitent 🙂

L’écriture simple nous fait rentrer dans l’intimité de son enfance avec un brin de nostalgie, juste ce qu’il faut. Les descriptions sont belles et tellement suggestives que, fermez les yeux ? Vous verrez les couleurs d’un été dans le Sud apparaitre dans votre esprit, la sensation de chaleur, d’humidité, les odeurs arriveront.

L’enfant grandissant, c’est adolescent puis adulte que l’auteur continue de retrouver le bonheur des retrouvailles avec le reste de sa famille dans cette maison, qui est celle de ses racines.

C’est un beau livre sur les racines, sur la famille. Une lecture rapide et très agréable 🙂

Cet instant-là

8 Mai 2013 by

de Douglas Kennedy

cetinstantla
Écrivain new-yorkais, la cinquantaine, Thomas Nesbitt reçoit à quelques jours d’intervalle deux missives qui vont ébranler sa vie : les papiers de son divorce et un paquet posté d’Allemagne par un certain Johannes Dussmann. Les souvenirs remontent… Parti à Berlin en pleine guerre froide afin d’écrire un récit de voyage, Thomas arrondit ses fins de mois en travaillant pour une radio de propagande américaine. C’est là qu’il rencontre Petra. Entre l’Américain sans attaches et l’Allemande réfugiée à l’Ouest, c’est le coup de foudre. Et Petra raconte son histoire, une Histoire douloureuse et ordinaire dans une ville soumise à l’horreur totalitaire. Thomas est bouleversé. Pour la première fois, il envisage la possibilité d’un amour vrai, absolu. Mais bientôt se produit l’impensable et Thomas va devoir choisir. Un choix impossible qui fera basculer à jamais le destin des amants. Aujourd’hui, vingt-cinq ans plus tard, Thomas est-il prêt à affronter toute la vérité ? A la fois drame psychologique, roman d’idées, roman d’espionnage mais surtout, histoire d’amour aussi tragique que passionnée, un roman ambitieux porté par le talent de Douglas Kennedy.

Depuis que j’ai découvert Douglas Kennedy, je suis une grande fan. Je me suis donc plongée avec plaisir dans « Cet instant-là »…

On retrouve encore cette fois-ci les thèmes privilégiés de Kennedy : une vie stable mais avec un manque, un bouleversement, puis une remontée vers un autre état stable… Ce côté là devient plutôt prévisible maintenant. Mais jusqu’à présent, les situations mises en scène ont toujours été suffisamment variées et originales pour que la persistance de la trame globale ne me lasse pas.

Encore une fois, cet ouvrage a une dose de « différent » suffisante pour capter notre attention et la maintenir en alerte jusqu’à la fin.

Le contexte majeur cette fois-ci est Berlin en période de guerre froide. Plus précisément, le narrateur est un auteur qui vient de se séparer de sa femme, après une grosse remise en question. Un paquet lui arrive contenant un journal… Flash back s’en suit… et je ne vous en raconterai pas plus…

J’ai trouvé la lecture de ce livre aisée et fluide comme à chaque fois. Les étapes s’enchainent avec facilité. Des rebondissements intéressants, même si certains se pressentent. Le tout sur fond d’espionnage et de propagande… Berlin oblige 🙂 Un dénouement dans la lignée des autres livres de Kennedy, toujours une lueur d’espoir. Des choix à faire, douloureux quelques fois et rarement faciles. L’avenir est fait de ce que l’on veut en faire…

Les points négatifs ? Un petit côté caricatural à certaines scènes se passant à Berlin. Et malgré ce que j’ai pu dire plus haut: un peu moins d’originalité que dans les livres précédents…