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Quatre sœurs

23 juillet 2012

de Junichirô Tanizaki

Dans une vieille famille de commerçants aisés dont tout le monde connait le nom à Osaka, quatre filles ont mené une vie luxueuse jusqu’à la mort de leur père. Sa disparition et les changements de vie dans le Japon de l’entre-deux-guerres les ont laissées dans une situation financière précaire.

Les deux ainées sont mariées, l’une avec un employé de banque, l’autre avec un expert-comptable. Leur destin est tout tracé, mais celui des cadettes ?

Youki Ko, timide, réservée, dévouée à sa famille, fidèle aux coutumes anciennes, refuse les uns après les autres des prétendants qu’elle juge indignes d’une alliance avec sa famille. Elle épouse le fils d’un vieux noble de la cour. Tae Ko, la plus jeune, est moins conformiste : elle n’hésite pas à travailler pour gagner sa vie, part vivre avec le fils d’un joaillier, le quitte pour un photographe et finit par épouser un barman, après la naissance de leur enfant.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage. Si je ne peux vraiment pas le qualifier de lecture d’été, c’est vraiment une belle histoire.
À la manière des quelques pièces de littérature japonaise que j’ai pu lire, l’action se déroule avec une lenteur quasi désespérante pour la lectrice occidentale que je suis. Mais une fois qu’on passe ce barrage, la lecture devient un vrai plaisir.
On suit ainsi la vie d’une famille traditionnelle de la région de Kobe-Osaka juste avant la seconde guerre mondiale et jusqu’à mi 1941. Quatre sœurs, proches mais si différentes, et aux destins liés mais très opposés.
Il est vraiment passionnant de suivre notamment cette course au prétendant pour la troisième sœur, Youki Ko. Le côté passif de la jeune fille, le système d’entremetteuses de l’entourage, l’implication de la maison aînée et cadette.
Le partage des rôles, devoirs et responsabilités des ménages des sœurs mariées par rapport aux deux jeunes sœurs non encore mariées à la mort du père est également très décrit et très intéressant.
Enfin, le parcours de la « petite dernière », en opposition totale avec les valeurs et traditions de sa famille nous fait découvrir la difficulté à s’intégrer dans une société qui nous est décrite comme rigide et lente pour cette jeune femme aux mœurs plus occidentales que japonaises.

Un excellent moment de lecture qui nous fait découvrir un peu le Japon traditionaliste d’avant guerre. 🙂

Mention moins pour l’éditeur qui raconte l’essentiel sur la quatrième de couverture… Ridicule…

Ni d’Eve, ni d’Adam

20 octobre 2010

de Amélie Nothomb

 Ni d'Eve ni d'Adam Amélie Nothomb

Stupeur et tremblements pourrait donner l’impression qu’au Japon, à l’âge adulte, j’ai seulement été la plus désastreuse des employés. Ni d’Eve ni d’Adam révèlera qu’à la même époque et dans le même lieu, j’ai aussi été la fiancée d’un Tokyoïte très singulier.

J’ai eu comme toujours beaucoup de plaisir à lire ce livre de Nothomb. On y découvre une autre partie de son séjour en tant qu »adulte au Japon. Alors que Stupeur et tremblements montre son incapacité à s’adapter au monde du travail à la japonaise, ce roman, toujours aussi court, met en scène sa vie en dehors des études et du travail, et ses rencontres.

Comme d’habitude, j’ai beaucoup apprécié l’écriture de Amélie Nothomb, ses réflexions sur les codes de la société japonaise, l’autodérision dont elle fait preuve, l’amour qu’elle porte à ce pays de par son enfance, les diverses petites anecdotes, les délires de vocabulaire…

A la différence des autres livres que je connais, j’ai trouvé qu’il y avait plus de légèreté et de tendresse… Il y a moins de grincements… je ne sais pas comment le dire autrement 😉

C’est un très beau complément à son expérience en entreprise. Je ne me lasse pas de lire ses livres… et vu son débit, j’en ai encore en stock !!!