de Nancy Huston
Entre un jeune Californien du XXIe siècle et une fillette allemande des années 1940, rien de commun si ce n’est le sang. Pourtant, de l’arrière-grand-mère au petit garçon, chaque génération subit les séismes politiques ou intimes déclenchés par la génération précédente. Monstrueuses ou drôles, attachantes ou désespérées, les voix de Sol, Randall, Sadie et Kristina – des enfants de six ans dont chacun est le parent du précédent – racontent, au cours d’une marche à rebours vertigineuse, la violence du monde qui est le nôtre, de San Francisco à Munich, de Haïfa à Toronto et New York. Quel que soit le dieu vers lequel on se tourne, quelle que soit l’époque où l’on vit, l’homme a toujours le dernier mot, et avec lui la barbarie. C’est contre elle pourtant que s’élève ce roman éblouissant où, avec amour, avec rage, Nancy Huston célèbre la mémoire, la fidélité, la résistance et la musique comme alternatives au mensonge.
Autant le dire tout de suite, j’aime énormément les livres de Nancy Houston. Et celui-ci n’a pas failli à la règle…
Tout d’abord, la construction, en quatre parties, chacune racontée par un narrateur différent, à chaque fois un enfant : Sol, Randall, Sadie et Kristina. Solomon est le fils de Randall, qui est le fils de Sadie, qui est la fille de Kristina… Et nous remontons dans le temps, depuis les Etats-unis, à notre époque jusqu’à l’Allemagne en 1940.
Si cette contruction est un tout petit peu déroutante au départ, elle donne une saveur particulière à cette lecture et beaucoup de profondeur au secret que l’on cherche à percer. C’est en effet fascinant d’en découvrir un pan de plus à chaque fois que la vision de l’enfant narrateur nous est dévoilée, et alors que nous savons ce qu’il est devenu adulte…
Chacun des portraits dressés par les enfants « narrateurs » nous montre à quel point notre passé familial fait de nous ce que nous sommes. Sol est un petit garçon et étrange et dérangeant par moments. Mais en découvrant l’univers familial dans lequel il baigne, en découvrant l’histoire de sa famille, on comprend mieux et on ne peut s’empêcher de se demander quel adulte il sera. A l’inverse, on comprend également mieux les « adultes » de ce livre à la lueur de ce qu’ils ont vécu enfants.
C’est un roman sur la mémoire, sur la transmission de la mémoire. Un roman sur le Passé et sur l’Histoire… Sur la nécessité de garder la mémoire de notre Histoire… Sur les secrets de famille… Sur le mensonge…
Un livre que je conseille toujours autour de moi, car il m’a laissé un souvenir très fort…