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L’insomnie des étoiles

13 octobre 2012

de Marc Dugain

L'insomnie des étoiles Marc Dugain

Automne 1945, alors que les Alliés se sont entendus pour occuper Berlin et le reste de l’Allemagne, une compagnie de militaires français emmenée par le capitaine Louyre investit le sud du pays. En approchant de la ville où ils doivent prendre leurs quartiers, une ferme isolée attire leur attention. Les soldats y font une double découverte : une adolescente hirsute qui vit là seule, comme une sauvage, et le corps calciné d’un homme. Incapable de fournir une explication sur les raisons de son abandon et la présence de ce cadavre, la jeune fille est mise aux arrêts. Contre l’avis de sa hiérarchie, le capitaine Louyre va s’acharner à connaître la vérité sur cette affaire, mineure au regard des désastres de la guerre, car il pressent qu’elle lui révélera un secret autrement plus capital.

Une collègue m’a prêté ce livre. Un auteur que je ne connaissais pas du tout et un titre qui m’a attiré tout de suite 🙂

C’est un ouvrage qui se lit très vite. L’écriture est facile, fluide, et le thème extrêmement intriguant.  La première partie notamment est assez incroyable. Un mélange d’angoisse, de mystère, une situation qui ne s’explique pas vraiment. La jeune fille vit seule, survit devrais-je dire. L’auteur peint une atmosphère et un décor lugubre, oppressant. L’ensemble suggère à la perfection un secret.

La seconde partie, liée à la découverte progressive du secret m’a un peu moins plu. Pas tant par le mystère dévoilée qui reste toujours intéressant et fort, mais plus dans l’approche pour le dévoiler. J’ai surtout trouvé qu’on comprenait bien trop vite ce qui s’était passé… et que faire sortir la vérité de la bouche du responsable, comme ça, tout d’un coup, était quand même trop facile. En bref, la montée de la tension de la première partie du livre m’avait fait espérer un peu plus. Et le sujet aurait mérité plus de profondeur à mon gout.

Ça n’en reste pas moins un bon moment de lecture et une approche différente des horreurs de la Seconde Guerre Mondiale.

Lignes de faille

2 août 2010

de Nancy Huston

Lignes de faille Nancy Houston

Entre un jeune Californien du XXIe siècle et une fillette allemande des années 1940, rien de commun si ce n’est le sang. Pourtant, de l’arrière-grand-mère au petit garçon, chaque génération subit les séismes politiques ou intimes déclenchés par la génération précédente. Monstrueuses ou drôles, attachantes ou désespérées, les voix de Sol, Randall, Sadie et Kristina – des enfants de six ans dont chacun est le parent du précédent – racontent, au cours d’une marche à rebours vertigineuse, la violence du monde qui est le nôtre, de San Francisco à Munich, de Haïfa à Toronto et New York. Quel que soit le dieu vers lequel on se tourne, quelle que soit l’époque où l’on vit, l’homme a toujours le dernier mot, et avec lui la barbarie. C’est contre elle pourtant que s’élève ce roman éblouissant où, avec amour, avec rage, Nancy Huston célèbre la mémoire, la fidélité, la résistance et la musique comme alternatives au mensonge.

Autant le dire tout de suite, j’aime énormément les livres de Nancy Houston. Et celui-ci n’a pas failli à la règle…

Tout d’abord, la construction, en quatre parties, chacune racontée par un narrateur différent, à chaque fois un enfant : Sol, Randall, Sadie et Kristina. Solomon est le fils de Randall, qui est le fils de Sadie, qui est la fille de Kristina… Et nous remontons dans le temps, depuis les Etats-unis, à notre époque jusqu’à l’Allemagne en 1940.

Si cette contruction est un tout petit peu déroutante au départ, elle donne une saveur particulière à cette lecture et beaucoup de profondeur au secret que l’on cherche à percer. C’est en effet fascinant d’en découvrir un pan de plus à chaque fois que la vision de l’enfant narrateur nous est dévoilée, et alors que nous savons ce qu’il est devenu adulte…

Chacun des portraits dressés par les enfants « narrateurs » nous montre à quel point notre passé familial fait de nous ce que nous sommes. Sol est un petit garçon et étrange et dérangeant par moments. Mais en découvrant l’univers familial dans lequel il baigne, en découvrant l’histoire de sa famille, on comprend mieux et on ne peut s’empêcher de se demander quel adulte il sera. A l’inverse, on comprend également mieux les « adultes » de ce livre à la lueur de ce qu’ils ont vécu enfants.

C’est un roman sur la mémoire, sur la transmission de la mémoire. Un roman sur le Passé et sur l’Histoire… Sur la nécessité de garder la mémoire de notre Histoire… Sur les secrets de famille… Sur le mensonge…

Un livre que je conseille toujours autour de moi, car il m’a laissé un souvenir très fort…

Un secret

22 juillet 2010

de Philippe Grimbert

Un secret Philippe Grimbert

 

Souvent les enfants s’inventent une famille, une autre origine, d’autres parents
Le narrateur de ce livre, lui, s’est inventé un frère. Un frère aîné, plus beau, plus fort, qu’il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas… Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque. Et c’est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu’il lui incombe de reconstituer. Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l’Holocauste, et des millions de disparus sur qui s’est abattue une chape de silence
Psychanalyste, Philippe Grimbert est venu au roman avec La Petite Robe de Paul. Avec ce nouveau livre, couronné en 2004 par le prix Goncourt des lycéens et en 2005 par le Grand Prix littéraire des lectrices de Elle, il démontre avec autant de rigueur que d’émotion combien les puissances du roman peuvent aller loin dans l’exploration des secrets à l’oeuvre dans nos vies.

Lu il y a déjà un moment, je me suis retrouvée, il y a quelques jours, à en parler avec une amie qui venait de le finir et en gardait une impression assez mitigée. De mon côté, ce livre m’a laissé une très bonne impression…

Le sujet en lui même me plaisait… Ce frère qui n’existe pas, qu’on s’invente… qui ne l’a pas fait ? Et l’intrigue finalement se révèle plus compliquée, mais si… ce frère, ou demi-frère, avait vraiment existé et si son existence lui en avait été cachée…

J’ai aimé les circonstances de l’histoire, cette famille bien complexe… les liens entre chacun des intervenants. La recherche de ce jeune garçon, son malaise, ses attentes, ses déceptions, ses interrogations sont décrits avec beaucoup de finesse et de simplicité et le tout est rendu de façon bouleversante par moment, émouvante pratiquement tout le temps.

J’ai aussi aimé ce que nous dit l’auteur de son rapport avec son nom de famille, avec ses racines… avec sa famille… J’ai trouvé que c’était bien représentatif de ce que l’on peut lire par ailleurs sur cette période.

Malgré la « complexité » du secret, le livre est très fluide à lire… et j’irai jusquà dire que justement l’un des défauts de ce livre…. serait que je l’ai trouvé presque trop rapide à lire… on voudrait en savoir plus, aller plus loin dans sa réflexion sur cette époque, sur les personnages.

Je dirais donc que je suis un peu restée sur ma faim par rapport à mon intérêt sur cette époque !

Depuis, j’ai vu le film qui a été réalisé à partir de ce livre…  Film qui pour une fois ne m’a pas déçu. J’ai beaucoup apprécié la sobriété des acteurs et les libertés prises par rapport au roman ne faussent pas la progression de l’histoire.