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L’élégance du hérisson

1 décembre 2010

de Muriel Barbery

L'élégance du hérisson - Muriel Barbery

« Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants. Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.

J’ai relu ce livre dans le cadre d’une lecture commune de Livraddict. Je l’avais lu, il y a deux ans environ.

Je me souviens avoir eu du mal à entrer dedans la première fois… Cette fois-ci, l’effet de la découverte n’étant plus là, je n’ai pas eu ce problème.
J’étais et je reste très très mitigée…
Le livre est construit avec deux narrateurs, ce qui donne l’impression de lire deux journaux intimes en parallèle. Comme d’habitude, j’ai aimé le rythme que donne ce type de construction.
Mais, il y a un gros mais… Ces deux personnages que tout sépare, mais qui finalement se ressemblent tant sont à mon humble avis bien trop caricaturés.
C’est bien beau de nous montrer les différences culturelles entre individus, mais sur la base d’un préjugé gros comme une maison… c’est un peu lourd à digérer. Je parle bien sûr de Renée, concierge pleine de bon sens et très cultivée, alors que par « principe », elle devrait être inculte et stupide !
Par ailleurs, si l’auteure veut dénoncer cette caricature, je trouve qu’elle tombe souvent dans son propre piège avec des références littéraires quelque fois ardues…
Alors bien entendu, Renée est très attachante… Paloma est horripilante à souhait… Les secrets se dévoilent peu à peu… Beaucoup de choses touchent et poussent à la réflexion…
Mais non, malgré une relecture « sérieuse », je ne suis pas tombée sous le charme de ce livre, pas plus la première que celle-ci… Je ne l’ai peut être pas pris au bon degré…. Allez savoir…

La théorie des Six

23 octobre 2010

de Jacques Expert

La théorie des Six Jacques Expert

Selon la « théorie des six », énoncée en 1929 par le Hongrois Frigyes Karinthy, tout individu sur terre peut être relié à n’importe quel autre par une chaîne de connaissances ne comptant pas plus de cinq intermédiaires. Ainsi, chacun de nous est à six poignées de main de n’importe quel habitant du fin fond de la Mongolie-Extérieure. Cet auteur ne s’attendait certainement pas à ce que sa théorie devienne un jour le mode opératoire d’un tueur en série. Julien Dussart lance pourtant ce défi à la police : il annonce qu’il a décidé de tuer « quelqu’un » et que la seule façon de l’arrêter consiste à comprendre sa logique. Qui sera la sixième cible ? La réponse à cette énigme permettrait au commissaire divisionnaire Sophie Pont de sauver les cinq premières victimes. Enfin… quatre. Le premier cadavre est retrouvé, le jeu peut commencer…

Je voudrais remercier une fois encore Le livre de Poche qui m’a envoyé ce livre par le biais du partenariat organisé avec Livraddict. Je leur suis bien reconnaissante de lui avoir fait traverser l’Atlantique…

Je n’avais pas entendu parler de ce livre lors de sa sortie initiale mais quand j’ai lu la description à l’annonce du partenariat, j’ai toujours de suite bondi… J’ai toujours été subjuguée par cette théorie des 6 poignées de main… Alors vous pensez… un policier basé là-dessus !!!

J’ai trouvé la construction du livre intéressante… Je suis depuis toujours une adepte des livres à « je » multiples. Cette fois-ci, le meurtrier fait partie des narrateurs, c’est même le narrateur principal, et la commissaire en charge de l’enquête, Sophie Pont, ainsi que sa secrétaire, Rachel, et quelques autres intervenants, s’intercalent entre les feuillets du journal de bord de l’assassin.

J’ai trouvé que l’auteur a vraiment campé un psychopathe dans toute sa splendeur et son horreur… Ses pensées, actions  et remarques provoquent de la répulsion mais aussi de la peine pour ce pauvre gars qui est un grand grand malade… L’approche en est donc très intéressante.

Je n’ai pas particulièrement aimé en revanche la commissaire… en même temps, je crois pouvoir affirmer que l’auteur n’a pas vraiment cherché à la rendre attachante 😉 Mais encore maintenant, je n’arrive pas vraiment à comprendre pourquoi il l’a rendu aussi antipathique. Je n’ai pas trouvé non plus utiles les propos et/ou pensées injurieux et obscènes. Mais bon, ça n’engage que moi…

La progression de l’intrigue, que ce soit le déroulement des meurtres en accord avec la théorie des Six ou l’avancement de l’enquête, se fait de façon claire et assez fluide. Dans sa mégalo, Julien Dussart avance dans son raisonnement, applique la théorie des 6 à sa manière. L’accélération sur la fin se fait sentir par le fait que l’on ne passe plus d’un narrateur à l’autre au moyen d’un chapitre nouveau mais quasiment de paragraphe en paragraphe. Le dénouement est sobre et attendu.

Lecture intéressante et assez prenante dans mon cas. Pas de rebondissement spectaculaire, pas de dénouement en feu d’artifice, mais ce n’était pas l’objet de ce livre me semble t-il…

Je tenterai très certainement un autre livre de Jacques Expert.

Dans le cadre de cette Lecture Commune, nous nous étions fixés un petit défi supplémentaire, chacun des lecteurs devant poser une question à laquelle il fallait répondre dans son article… Voici les questions…

Lisalor – Quand avez vous commencé à comprendre l’intrigue ?

Si par comprendre l’intrigue, tu parles du dénouement, je m’y suis attendue à peu près à la moitié… avec quand même un doute qui subsistait… 😉

Fée_tish – Qu’est-ce qui vous a le plus dérangé/perturbé dans cette lecture ?

Je n’ai pas vraiment été dérangée ou perturbée… Je n’ai pas trouvé utile d’avoir un commissaire aussi antipathique, avec un rapport aussi malsain avec son employée… Mais si à mon avis ça n’apporte rien, ce n’est pas non plus nuisible à l’avancement du livre.

Hylyirio – Qu’est ce qui, au fil du livre, vous a donné l’envie de continuer à le lire page après page?

J’étais vraiment intéressée à voir comment il allait tirer profit de cette théorie jusqu’au bout…

Lise  – Quelle est votre opinion sur le personnage de Julien Dussart?

C’est un grand malade ! Je le trouve très bien « fait »…

Lecturevvv – Que pensez-vous du personnage de Sophie Pont ?

Je l’ai déjà dit plus haut… Je trouve son agressivité inutile au déroulement de l’histoire…

Soundandfury – Vous avez craqué? Vous avez tenté de jouer à la théorie des six? Racontez!

Oh oui… souvent 😀 entre amis, on s’amuse plus à tenter de compter à combien de poignées de main nous pourrions être de tel ou tel acteur, auteur, musicien… Bien cachée derrière mon pseudo, je suis peut être à 2 ou 3 poignées de main de plusieurs membres de livraddict, voir moins… Qui sait ???? 😉

Pour connaître les avis de mes co-lecteurs, clic…clic… sur leurs pseudos…

Mrs Dalloway

29 septembre 2010

de Virginia Woolf

Mrs Dalloway - Virginia Wolf

Le roman, publié en 1925, raconte la journée d’une femme élégante de Londres, en mélant impressions présentes et souvenirs, personnages surgis du passé, comme un ancien amour, ou membres de sa famille et de son entourage. Ce grand monologue intérieur exprime la difficulté de relier soi et les autres, le présent et le passé, le langage et le silence, le mouvement et l’immobilité. La qualité la plus importante du livre est d’être un roman poétique, porté par la  musique d’une phrase chantante et comme ailée. Les impressions y deviennent des aventures. C’est pourquoi c’est peut-être le chef-d’œuvre de l’auteur – la plus grande romancière anglaise du XXème siècle.

Une petite lecture commune avec Livraddict… et un sacré défi pour moi avant toutes choses, retrouver ce bouquin que je SAVAIS posséder et qui était perdu dans les très (trop?) nombreux cartons de livres non encore ouverts dans mon sous-sol depuis mon dernier déménagement (plus si récent que ça) !

Mission accomplie et je peux vous le dire, j’ai du mérite (et du boulot pour ranger le bazar que j’ai mis dans ces cartons qui sont toujours là, mais ouverts maintenant, avec livres en vrac pour couronner le tout !!!!!)

Et pour couronner un peu plus le tout, impossible de lire le livre confortablement car je me suis fait mal au cou… Autant vous dire que mon avis sur ce livre devra peut être être révisé dans quelques temps 😉

Mais je m’égare, qu’ai-je pensé de ce livre ?   …

Le moins qu’on puisse dire, c’est que malgré la petite taille de ce livre, il n’est vraiment pas facile à lire.

Le livre retrace la journée d’une femme, Clarissa Dalloway. Nous sommes dans ses pensées, et dans celles d’autres personnages, comme son mari ou sa fille.  Il y a aussi en parallèle Septimus,dépressif, si perturbé, si blessé… et son couple qui se meurt lentement…

Si j’aime la plupart du temps être « malmenée » par l’auteur notamment dans la construction des intrigues, j’ai eu un peu plus de mal cette fois-ci ! La présentation du livre, sans chapitre, sans dialogue est difficile, mais rend très bien le fouillis et la rapidité de tout ce qui vient à l’esprit des « narrateurs ». Mais je dois dire que ce roman très intimiste, plein de poésie… avec la tristesse qui règne dans ses pages, n’était pas ce dont j’avais besoin aujourd’hui…

Ce livre est perturbant, écrit par une femme qui était elle-même dépressive et est allée jusqu’à se donner la mort… On ressent la tension qui habite Clarissa, le malaise et la folie qui habitent Septimus. Tout est très fort, trop fort pour moi ces temps-ci…

Il y a eu aussi quelques moments qui m’ont semblé trop pompeux… et j’ai eu le sentiment que je passais à côté de quelque chose en ne le lisant pas en anglais. Mais je ne pense pas non plus que mon anglais soit à la hauteur de la puissance d’écriture de Virginia Woolf… Donc c’est une de ces lectures qui m’a fait ressentir plus que d’autres la limitation de la traduction, quelle que soit la valeur du traducteur d’ailleurs…

Je relirai ce livre… quand ma vie sera à nouveau simple et apaisée… et je pense que je le redécouvrirai et l’apprécierai bien plus que cette fois-ci.